[CRITIQUE] Split (2017) – M.Night Shyamalan [B+]

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Synopsis:

Kevin a déjà révélé 23 personnalités, avec des attributs physiques différents pour chacune, à sa psychiatre dévouée, la docteure Fletcher, mais l’une d’elles reste enfouie au plus profond de lui. Elle va bientôt se manifester et prendre le pas sur toutes les autres. Poussé à kidnapper trois adolescentes, dont la jeune Casey, aussi déterminée que perspicace, Kevin devient dans son âme et sa chair, le foyer d’une guerre que se livrent ses multiples personnalités, alors que les divisions qui régnaient jusqu’alors dans son subconscient volent en éclats.

Trop vite qualifié de génie, de digne héritier de Steven Spielberg, non sans quelques bonnes raisons mais certainement avec un empressement et une exagération très caractéristiques de notre époque, M. Night Shyamalan a ensuite été poussé de l’autre côté du mont Olympe qu’il semblait ne pas devoir finir de dévaler.

De la jeune fille de l’eau (2006), à Phénomènes (2008), puis le maître de l’air (2013) et After earth (2013), il a enchaîné les échecs critiques et commerciaux et commencé à désespérer jusqu’à ses admirateurs les plus fidèles, dont l’auteur de ces lignes fait partie.

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Avec The Visit (2015),  renouant avec un très petit budget et retrouvant une liberté et une fraîcheur qu’il semblait avoir perdue, M. Night Shyamalan avait amorcé la première étape de son retour. Le film était suffisamment convaincant, dans un genre qui plus est aussi moribond que celui du « found footage », pour avoir su nous donner envie de découvrir « Split », après une interminable décennie de déceptions.

Jouant aussi bien avec les codes du thriller, du conte horrifique, que du fantastique et … d’autres dont nous vous laisserons la surprise, Split, à l’image de Kevin, son personnage principal, est un film aux multiples personnalités. Heureusement, elles cohabitent de façon beaucoup plus paisibles que les 23 personnalités d’un James McAvoy dont on pourrait presque s’inquiéter pour la santé mentale, tellement il est habité par ce rôle.

Il n’a pas besoin de changements de looks spectaculaires pour incarner ces multiples personnages. Ses transformations successives passent d’abord par sa voix, ses gestes et son regard. Effrayant, manipulateur, précieux, enfantin et même maternant, James McAvoy parvient à relever le défi impossible de ce scénario et à être convaincant dans chaque registre sans pour autant vampiriser le film et faire perdre le fil d’un récit mené de main de maître par Shyamalan dont on retrouve le formidable talent de conteur. Si l’on entre de plein pied dans le thriller avec le kidnapping de ces 3 lycéennes puis en découvrant avec elles leur tortionnaire et ses multiples avatars, le film s’autorise des digressions qui l’enrichissent en explorant la relation entre le tortionnaire et son psychiatre, le Docteur Karen Fletcher (Betty Buckley).

Ces entretiens et la relation entre ce patient atteint d’un trouble dissociatif de la personnalité font penser à « Sybil » de Daniel Petrie (1976), dans lequel Sally Field et ses 16 personnalités se confrontait à sa psychiatre, Joanne Woodward (qui avait elle même jouée une femme atteinte de ce trouble dans le très beau « The Three Faces of Eve » de Nunnaly Johnson)

Lors de ces entretiens, on cerne les faiblesses de ce « bad guy » bien plus complexe qu’un simple mais certes effrayant croque mitaine qui ne serait qu’une incarnation du mal.

 Il est à vrai dire un personnage tel que les aime Shyamalan: fragile, inadapté au monde qui l’entoure, forcé à perdre son innocence trop tôt. Il est finalement plus proche d’un monstre échappé d’un conte enlevant ces jeunes filles pour lui tenir compagnie, que d’un psychopathe aux intentions criminelles. Comme dans un conte,  Casey (Anaya Taylor-Joy vue dans The Witch et Morgan) va d’ailleurs essayer d’amadouer le monstre lorsque celui-ci prend sa forme la plus inoffensive.

Les deux autres jeunes filles,très peu caractérisées,  n’apportent pas grand chose au récit et l’on se désintéresse finalement bien vite de leur sort. Ce qui est au coeur du film c’est la dynamique de la relation entre Casey et son tortionnaire, deux personnages fragilisés par leur enfance. Split sort du schéma classique de la jeune fille sans défenses face à un psychopathe mu par ses seules pulsions criminelle. Le climat d’insécurité permanent crée par la versatilité de ce tortionnaire installe une tension qui ne cesse de croître jusqu’à un dernier acte, peut être plus classique, plus prévisible, mais à l’efficacité telle qu’on ne boudera pas notre plaisir.

Si Split n’est pas tout à fait au niveau de Sixième sens ou d’Incassable, il signe bien le grand retour de Night Shyamalan et ravira ses fans, bien au delà de ses belles qualités, pour ce qu’il contient comme promesse pour la suite de sa carrière.

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