[CRITIQUE] Logan (2017) – James Mangold [B]

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Synopsis:

Dans un futur proche, un certain Logan, épuisé de fatigue, s’occupe d’un Professeur X souffrant, dans un lieu gardé secret à la frontière Mexicaine. Mais les tentatives de Logan pour se retrancher du monde et rompre avec son passé vont s’épuiser lorsqu’une jeune mutante traquée par de sombres individus va se retrouver soudainement face à lui.

On a beau vouloir se tenir éloigné des trailers, affiches, promotions et premiers retours critiques sur un nouveau film; le barrage n’est pas toujours totalement hermétique quand il s’agit de films aussi attendus que Logan, annoncé par ailleurs comme la dernière apparition de Hugh Jackman dans le rôle de Wolverine. De fait, Logan portait la promesse d’un film plus sombre, plus violent, débarrassé de l’humour potache qui désamorce des enjeux à peine esquissés ou, dont on finit par se désintéresser, pour se contenter d’apprécier le savoir faire technique de productions solides mais sans saveurs.  La promesse également d’une plus grande place accordée à « l’humain », souvent mis de côté dans des productions obnubilées par la volonté d’exploiter le potentiel des pouvoirs de leurs supers héros pour créer des scènes toujours plus spectaculaires.

James Mangold dont les meilleurs films sont, à nos yeux, un polar (Copland) et un western (3h10 pour Yuma) avait une forte légitimité pour porter ce projet et Logan est son film, beaucoup plus qu’un énième avatar « Marvel ».  Alcoolique, usé, désabusé et malade, il n’est plus question de Wolverine mais bien de Logan, l’homme plus que le mutant indestructible. La bouteille de whisky a remplacé le cigare, la barbe n’est plus impeccablement taillée et les griffes repliées pour ne pas rayer la carrosserie de la limousine qu’il loue pour gagner sa vie comme chauffeur. En 2029, les mutants ne font plus les gros titres et Logan ne veut plus entendre parler de Wolverine.

La première partie du film confirme que les promesses entrevues n’étaient pas qu’une projection de nos désirs de spectateurs plus que lassés par les productions actuelles. Sombre, (très) violent, Logan l’est assurément et on entre dans cet univers avec une certaine jubilation. Voir un Logan se réveillant avec une méchante gueule de bois, utiliser ses pouvoirs pour sauver les jantes de sa limousine, transpercer les chairs, couper les bras, les têtes des inconscients qui refusent d’obtempérer, nous a procuré plus d’émotion que s’il s’était s’agit de sauver le monde d’une menace mutante.

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Dans ce cadre là, puis dans des décors dignes d’un western, genre auquel les références sont nombreuses et parfois explicites (pour le film « L’hommes des Vallées perdues » avec Jack Palance), la première heure de Logan est une belle réussite.

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De même que The Dark Knight s’ouvrait comme un polar des 70’s et restait dans un souci constant de « réalisme », Logan est filmé comme un polar payant son hommage au Western, comme le récit d’un homme qui se sentait « too old for this shit » et qui va devoir reprendre du service, malgré lui, pour sauver une petite mutante qui lui ressemble tant. Ramené à des enjeux à hauteur d’homme, débarrassé de l’obligation de rattacher le film à ses prédécesseurs ou de préparer une suite, libre de laisser exprimer toute la brutalité de son « super héros » et de ce monde, Logan part sur des bases très élevées.

Le casting de Laura, la jeune demoiselle en détresse étant par ailleurs plus que réussit, Dafne Keen dans un rôle mutique ayant un charisme qui rivalise avec celui de son protecteur, on se sent totalement impliqué dans le récit.

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Certes, Pierce, le bad guy (interprété par Boyd Holbroock que l’on retrouvera dans le Predator de Shane Black) qui veut à tout prix enlever Laura, est trop « light » et caricatural pour être réellement menaçant mais voir sa tête à claques de Matt Pokora redneck se faire malmener n’est pas un plaisir que nous avons eu envie de bouder.

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Certes les scènes d’action ne sont pas toujours d’une grande lisibilité mais le sang gicle suffisamment et Laura et Logan sont assez impressionnants pour satisfaire les spectateurs qui attendaient un spectacle badass.

Si le bât blesse parfois, c’est essentiellement dans les scènes de dialogue entre Logan et le Professeur Charles Xavier, anecdotiques ou redondantes dans leur façon d’expliciter les enjeux ou de revenir sur des épisodes passés. Mais ces temps faibles ne pèsent pas lourd et n’handicapent pas réellement la grande réussite de cette première partie.

Le soufflet tant au niveau du rythme, que des enjeux va malheureusement bien retomber après un climax extrêmement réussi lorgnant vers « Terminator » et mettant aux prises Logan et un clone plus jeune, plus puissant que lui. S’il retombe c’est parfois pour des bonnes intentions, comme la volonté de rester au plus près de Logan et de creuser sa relation avec Laura, quitte à se transformer en road movie, un peu mou et prévisible, aux dialogues paresseux. L’indulgence est tout de même de mise quand ce type de « pause » est si rare dans ce genre de film  et permet de coller à cette volonté, constante dès le début du film, de ne pas céder à la tentation du spectacle déshumanisé. C’est le film de Logan et non le film d’un X MEN et en ce sens, ce choix se défend à défaut d’être bien exécuté.

Ce qui est revanche moins compréhensible et encore moins réussi, c’est cette volonté , dans le dernier acte de rattacher Logan à l’univers des « minis » X Men, au bout de son long périple avec Laura. Logan n’est pas plus  son aise au milieu de ces enfants que  Max ne l’était au milieu de ceux de Mad Max 3. Commencer le film comme un polar sans concession, le poursuivre comme un Western ultra violent pour le conclure au royaume des enfants est très déroutant, d’autant que cela donne lieu à une scène pour le coup assez indéfendable. Heureusement, même au milieu de ce dernier acte raté, James Mangold se rappelle ses excellentes intentions et réussit une scène de poursuite en forêt assez impressionnante et surprenante par sa violence.

Il est toujours dommage de terminer un excellent repas aux saveurs épicées par un dessert trop sucré et recouvert de chantilly mais cette petite pointe d’acidité ajoutée au dernier moment permet de faire passer le tout. James Mangold est peut être finalement passé à côté d’un grand film mais il n’en reste pas moins que Logan est une belle réussite et offre à Hugh Jackman, un personnage plus consistant enfin à la mesure de son talent jusque là sous exploité dans les précédents films « X Men » ou « Wolverine ».

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