[CRITIQUE] THE TRUST (2016) – Benjamin et Alex Brewer [B]

Synopsis:

Waters et Stone sont policiers à Las Vegas. Flics sans envergure, ils arrondissent leurs fins de mois avec des petits larcins jusqu’à ce que leur attention se porte sur le mystérieux coffre-fort d’un dealer désormais sous les verrous. Après une longue préparation, mais sans rien savoir de ce qu’ils vont trouver, les comparses échafaudent le casse que doit changer leur vie. Mais dans la ville du jeu, on est rarement gagnant.

Il fut un temps où l’on attendait avec impatience le nouveau film de Nicolas Cage, aussi bien pour ses interprétations parfois excessives mais toujours habitées,  que pour la qualité du métrage, le neveu de Francis Ford Coppola faisant alors souvent des choix particulièrement pertinents. S’il s’autorisait déjà quelques sorties de pistes, parfois sympathiques (Embrasse moi Vampire, Lune de Miel à Vegas, Milliardaire malgré lui…), il brillait sous la direction de réalisateurs aussi talentueux ou prestigieux que les frères Coen (Arizona Junior), David Lynch (Sailor et Lula), Alan Parker (Birdy), son oncle (Rusty James, Peggye Sue s’est marié), Barbet Schroeder (kiss of death), jusqu’à la consécration avec Mike Figgis dans le bouleversant « Leaving Las Vegas »en 1995. A cette époque, on pouvait dire sans honte: In Nicolas Cage I Trust. La décennie suivante fut moins brillante et commença à éprouver notre confiance, malgré les excellents « A tombeau ouvert » (Martin Scorsese), « Lord of War » (Andrew Niccol), « Volte Face » (John Woo) , les très efficaces « Les ailes de l’enfer » (Simon West), « Rock » (Michael Bay) et « Snake Eyes » (Brian de Palma) et le brillant « Adaptation » (Charlie Kaufman)

La décennie 2005-2015, lui a hélas été fatale. Ses choix douteux, ses interprétations en roue libre et ses excentricités capillaires lui ayant collé une image de has been qui paraît aussi dur à décoller que ses implants. Tournant à un rythme frénétique, Trust est son 16ème film en 5 ans, il a enchaîné les navets avec une constance effrayante et, s’est peu dire, qu’il faut avoir foi en lui pour se lancer dans la découverte de son nouveau film.

Avec Trust, Nicolas Cage revient à Las Vegas, accompagné d’Elijah Wood, un autre acteur talentueux à la filmographie sinusoïdale, pour un film qui se révèle être une belle surprise mais sur lequel on n’aurait pas misé grand chose, étant par ailleurs le premier long métrage d’Alex et Benjamin Brewer, jusqu’alors réalisateurs de clips, récemment récompensés par un MTV Award pour un clip de … Justin Bieber.

Nicolas Cage retrouve un personnage comme il les aime, le lieutenant Jim Stone étant un policier excentrique, hyper 1er degré et un peu has been, capable de pétage de plombs et portant une petite moustache du plus vilain effet. La différence avec ses catastrophiques dernières interprétations, c’est qu’il est suffisamment bien dirigé pour que sa propension à en faire des tonnes n’écrase pas le personnage et le film. Son duo avec Elijah Wood fonctionne parfaitement, celui-ci étant son exact contraire, en ce qu’il arrive à transmettre beaucoup par son seul regard, par sa présence très intriguante à la fois magnétique et enfantine. Il est le contrepoids parfait, très crédible dans ce rôle du sergent Waters qui accepte de se laisser embarquer par son supérieur, dans une enquête visant à mettre la main sur un gros paquet d’argent. Comme le clown blanc et l’auguste, leurs caractères se complètent pour former un duo que l’on prend beaucoup de plaisir à regarder et dont la dynamique tire constamment le film vers le haut.

Ces deux policiers se lancent dans un gros coup qui risque de leur coûter au minimum leur carrière et peut être même la vie, avec une forme d’inconscience (Stone)  et de jusqu’au boutisme désespéré (Waters) qui les rend très attachant. Waters n’a pas grand chose à perdre, séparé de sa femme, il passe la nuit avec des prostituées et arrive en retard, par une porte dérobée sur les scènes de crime. Quand Stone lui propose ce coup fumant, il se laisse convaincre en lui répondant qu’il’accepte parce qu’il n’a rien de mieux à faire et qu’il déteste son job. Qu’il faille commander une perceuse à 20 000 dollars à une mystérieuse compagnie allemande pour percer un coffre fort ne suffit pas à le décourager. Il mise tous ses jetons sur le flair d’un loser qui se voit enfin avoir la baraka et toucher le gros lot. Le 1er degré des personnages est au diapason du 1er degré d’un film qui bascule progressivement et efficacement de la comédie policière loufoque (avec une belle galerie de policiers foireux) à la comédie noire centrée sur ce duo, à mesure que le super plan de Stone se révèle être  une impasse mortelle et que Waters va réaliser dans quelle galère il s’est fait embarquer.

Même si sa présence est anecdotique, tant son rôle est mineur (une grosse poignée de secondes à l’écran), on se réjouit aussi de retrouver Jerry Lewis, qui interprète le père de Nicolas Cage. C’est d’ailleurs à la demande de ce dernier, avec lequel il est très ami, qu’il a accepté ce rôle qui relève plus du caméo mais qui ajoute au capital sympathie du film.

The Trust ne suffira pas à redonner toute sa crédibilité d’acteur à Nicolas Cage mais c’est assurément une petite éclaircie dans sa filmographie et au delà, une bonne comédie, bien écrite, sans baisse de rythme, portée par un duo qu’on aimerait revoir tant l’alchimie entre ces 2 grands acteurs, capables du meilleur comme du pire, est parfaite.

 La bande annonce:

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