TOKYO SONATA **** 1/2

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Le film s’ouvre sur la nouvelle réalité économique du Japon: l’embauche de 2 travailleurs chinois à la compétitivité imbattable et le licenciement immédiat et sans ménagement d’un travailleur japonais.
Ce travailleur c’est Ryûhei Susaki , directeur administratif dont personne n’avait jusqu’alors remis en cause la qualité du travail.
L’organisation du travail au Japon ayant longtemps reposé sur le système de l’emploi à vie, le chômage est vécu comme un véritable drame et même une honte pour le travailleur qui cherchera souvent à cacher la réalité de sa situation.

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C’est ce drame que va vivre Ryûhei Susaki dont la plus grande peur sera que sa femme et ses deux enfants apprennent son licenciement.
Son premier entretien avec un conseiller d’une agence locale pour l’emploi va le mettre face à la réalité: on ne lui propose en effet qu’un poste de gardien de nuit dans une usine et le prévient qu’il faut qu’il renonce à pouvoir retrouver un poste équivalent à celui qu’il avait occupé.
Ryûhei se rend chaque jour à la soupe populaire et erre jusqu’au soir dans les rues de Tokyo, avant de rentrer chez lui sans éveiller les soupçons de sa femme.
Dans son parcours il croisera Kurosu, un ancien camarade de lycée, qui dans son costume 3pièces impeccable lui fera d’abord croire à une réussite professionnelle éclatante, avant de lui avouer que lui aussi est au chômage depuis plusieurs mois.
Le personnage de Kurosu même s’il ne fera que passer dans la vie de Ryûhei est très intéressant. Il ne laisse rien au hasard pour que personne et surtout pas sa femme ne se doute de sa situation. Il va même jusqu’à régler son téléphone pour qu’il sonne 5 fois par heure et mime ainsi des appels professionnels importants.Il ira jusqu’à inviter Ryûhei à diner chez lui pour le faire passer pour un collègue et ainsi dissiper les doutes naissants de sa femme.
La première partie du film est centrée sur le parcours de Ryûhei et les nombreuses humiliations auxquelles il devra faire face (un entretien d’embauche totalement surréaliste et terriblement humiliant, un nettoyage de toilettes particulièrement sales dès sa première journée de travail comme agent d’entretien dans un centre commercial).

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Puis le film basculera progressivement pour se focaliser sur Megumi, qui doit aussi s’occuper de son plus jeune fils qui sèche les cours pour suivre des cours de piano et de son fils ainé qui s’engage dans l’armée américaine. Elle se révèlera beaucoup moins discrète et parfaite qu’elle ne le laisse paraître et elle aura même les honneurs de ce qui est pour moi la plus belle scène de tout ce sublime film.
La mise en scène de Kurosawa est extrêmement sobre et recourt même souvent aux plans fixes pour filmer l’intérieur de la maison des Sasaki. Le drame est là, palpable dans chaque plan, sans que Kurosawa n’ait besoin de surligner, de tomber dans le piège du pathos. Film sur la déliquescence du modèle social japonais, sur l’errance, la recherche d’identité et la possibilité d’un nouveau départ, Tokyo Sonata sonne terriblement juste de bout en bout, n’est jamais misérabiliste et offre même de vrais et beaux moments de poésie dont seul le cinéma asiatique a le secret. Avec Tokyo Sonata, Kurosawa s’éloigne de son univers pour signer un film indispensable, un chef d’oeuvre.

La bande annonce

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