[CRITIQUE] Un Homme à la hauteur – Laurent Tirard [C]

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Synopsis:
Diane est une belle femme. Une très belle femme. Brillante avocate, elle a de l’humour et une forte personnalité. Et comme elle vient de mettre un terme à un mariage qui ne la rendait pas heureuse, la voilà enfin libre de rencontrer l’homme de sa vie. Le hasard n’existant pas, Diane reçoit le coup de fil d’un certain Alexandre, qui a retrouvé le portable qu’elle avait égaré. Très vite, quelque chose se passe lors de cette conversation téléphonique. Alexandre est courtois, drôle, visiblement cultivé… Diane est sous le charme. Un rendez-vous est rapidement fixé. Mais la rencontre ne se passe pas du tout comme prévu…

Dans un paysage cinématographique français devenu extrêmement frileux et qui a fait de la comédie son modèle économique, misant sur l’envie du public d’aller au cinéma pour se divertir et oublier les soucis de la vie quotidienne, produisant ainsi un nombre incalculables de comédies au niveau très inégal, Laurent Tirard fait partie de ces réalisateurs qui ont « la carte ». Co-scénariste de l’excellent « Prête moi ta main », il a ensuite réalisé Molière puis  est entré dans la galaxie des réalisateurs de comédies très grand public (« Le Petit Nicolas » , « Astérix et Obélix: au service de sa majesté » puis « Les vacances du petit Nicolas »). Si on ne peut pas dire qu’il ait imposé son style ou un ton original  , au moins a-t’il prouvé qu’il était un bon « faiseur » et le pitch de « Un Homme à la Hauteur » pouvait faire espérer qu’il lui permette de lâcher les chevaux et de sortir du cadre de la gentille comédie qui ne fâche personne, bref de retrouver un peu du mordant de « Prête moi ta main ».

Il apparaît malheureusement très rapidement que la petite taille d’Alexandre (Jean Dujardin) est le point de départ du scénario, sa seule idée, son seul horizon et son seul ressort comique, rendant la ligne d’arrivée très longue à atteindre.

Le scénario s’avère d’une banalité confondante, la seule originalité étant la petite taille du « prince charmant » qui en dehors de cela à tout pour lui: une belle gueule, une belle personnalité, une éclatante réussite professionnelle et une magnifique maison. Même son fils qui aurait pu (même si cela n’aurait pas non plus été follement original) être un ado difficile est charmant, sensible et est manifestement un petit génie.  Diane (Virgnie Efira) quant à elle n’a aucune fantaisie particulière, c’est une magnifique avocate , intègre évidemment, gérant sa séparation professionnelle et sentimentale avec Bruno, son associé un peu véreux (Cédric Kahn). Bref, ils sont tous donc tous les deux beaux, libres, épanouis dans leur travail et tout les destinerait à finir ensemble si ce n’était le mètre 38 d’Alexandre. Et là on a envie de dire « Big Deal! » et il est très difficile de se sentir impliquée dans cette gentille petite histoire, dont l’issue comme dans toute bonne romcom ne laisse pas de doutes. Pour autant cela ne condamnait pas forcément le film mais quand il n’y a pas d’enjeu, tout repose sur « l’humeur », sur les personnages secondaires, les situations et l’inventivité de la mise en scène et c’est là que le bât blesse.

Jean Dujardin et Virginie Efira remplissent ce qu’on pourrait appeler « le cahier des charges », tant ils semblent avoir peu d’espace pour exprimer leur talent dans leur personnage unidimensionnel, trop lisse et prévisible, pas plus intéressant que leur homologue rencontré dans n’importe quelle romcom  lambda. Jean Dujardin déploie son énergie et Virginie Efira son charme et on les regarde sans jamais vraiment s’intéresser à leur histoire. On sourit parfois, au détour d’un gag qui va malheureusement se répéter X fois, ou quand Jean Dujardin est pour une fois un peu en roue libre et nous fait admirer ses talents de danseur. Mais on rit presque plus à imaginer ce qu’aurait pu être le film, ce que Jean Dujardin aurait pu apporter à ce personnage que devant ces situations convenues et ces gags dont le ressort est toujours le même.

Le ressort du rire que cherche à provoquer le film et qui soyons honnête fonctionnera sur beaucoup (les spectateurs présents à la projection riant majoritairement de bon coeur) est invariable: la petite taille d’Alexandre. A vrai dire, on aurait aimé pouvoir rire AVEC lui et pas seulement que DE lui. Même s’il n’est pas question de remettre en cause les intentions du réalisateur et sa bienveillance pour son personnage, en utilisant toujours le même ressort comique, en faisant du mètre 38 d’Alexandre la cause de ce rire, cela finit par se retourner contre lui, la frontière entre le rire et la moquerie devenant à plusieurs moments franchement floue. Un film comme « Intouchables », quels que soit par ailleurs ses défauts, avait réussi à éviter cet écueil en emmenant son personnage dans des situations comiques en elle-même et pas uniquement en raison de sa différence et en l’occurrence de son handicap.  Les frères Farrelly quant à eux n’hésitent pas à mettre en scène des personnages différents, parfois lourdement handicapés, mais en n’insistant jamais sur leur  condition, qu’ils prennent à la dérision, et en jouant sur leur personnalité et les situations auxquelles ils se trouvent confrontés. Malheureusement, dans un « Homme à la Hauteur », le rire facile et disons le un peu bas de gamme provoque la gêne à plusieurs reprises et notamment quand Bruno se moque d’Alexandre et que la salle éclate de rire, même lorsqu’il fait des vannes très douteuses et blessantes.

Il n’y a tellement pas d’idées et de fantaisie dans ce film à l’humeur et à l’humour toujours égal qu’il s’en trouve dévitalisé, sans propos et devient même trop long, le seul intérêt étant de voir deux bons acteurs essayer de faire ce qu’ils peuvent dans ce qui est un ratage mais qui sans eux aurait été un naufrage.

 

 

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